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Le premier stage de formation est l’occasion pour les femmes des villages reculés de recevoir un enseignement à la fois général et pratique qui ne leur serait pas accessible autrement. Vanasthali est contente de mettre cette éducation à leur portée car cela leur procure une ouverture qui est également utile dans leur vie quotidienne.
Les femmes de la campagne n’ont pas l’occasion de développer leur personnalité et de prendre confiance en elles. Elles n’ont pas non plus l’occasion d’apprendre des techniques qui leur permettent de travailler hors de la maison pour augmenter les revenus familiaux. On peut leur apprendre à devenir institutrices et à prendre conscience qu’elles peuvent devenir des acteurs du développement de leurs communautés. Elles peuvent permettre à la communauté de prendre en charge ses problèmes (santé, hygiène, barrières due aux superstitions).
Le programme de Vanasthali comprend la psychologie de l’enfant, la pédagogie des classes maternelles, le contenu de l’enseignement, la santé, la nutrition, la gestion d’une école, le bien-être de l’enfant, les services sociaux. Les institutrices apprennent à utiliser la chanson, la danse, le jeu, le travail manuel pour motiver les enfants. On leur montre l’importance de la participation active des enfants.
A cause de la tradition des mariages précoces, beaucoup de villageoises arrêtent l’école en neuvième ou avant (équivaut à peu près à la troisième en France) ; Pour suivre le programme de formation de Vanasthali, il suffit donc d’être allée jusqu’à la huitième, ce qui permet de recruter de nombreuses femmes capables et motivées. Elles sont avides d’apprendre et souhaitent vivement obtenir un emploi qui améliorera leur vie.
Ce modèle de formation courte et mobile est un facteur clé pour le succès de ces programmes. Cette approche permet de rendre la formation accessible à celles qui, de toute façon, ne pourraient pas se déplacer en ville tant à cause du coût que des obligations familiales.
Une contribution financière modérée est demandée (avec une réduction quand c’est nécessaire) ; ceci permet de ne recruter que des personnes motivées, prêtes à s’engager.
Tous les ans, Vanasthali organise des stages de 6 mois dans 10 districts du Maharashtra (Sangali, Kolhapur, Nagar, Solapur, Nasik, Satara, Pune, Latur, Sindhudurga et Ratnagiri) et recrute pour cette formation chaque année environ 300 ou 350 femmes rurales partiellement illettrées. Elles reçoivent une formation pour devenir institutrices de maternelle, mais aussi pour développer leur propre personnalité. Elles sont devenues institutrices de maternelles ou de classes de soutien, formatrices, ou superviseuses.
Une formation de six mois n’est pas vraiment suffisante pour des femmes qui ont eu si peu de formation initiale. Pour mettre en valeur leur personnalité et leurs capacités, des camps d’été et d’hiver sont organisés. Ils proposent un large éventail de découvertes et d’expériences, une occasion d’apprendre à s’organiser, d’acquérir un esprit d’équipe. Des experts locaux participent et parlent avec elles. Ceci élargit leurs connaissances et les encourage à se faire des opinions par elles-mêmes. Ces camps aident institutrices et stagiaires à développer leur personnalité. Au programme, des sujets et des activités variées : artisanat, hygiène personnelle, planning familial, enseignement aux handicapés, lutte contre la superstition, nouvelles chansons, danses, histoires, jeux de plein-air, chant choral... Ces camps durent 5 jours chacun et permettent aux participantes de sortir de leur coquille. Cette éducation les aide pour élever leurs enfants, disent-elles.
Environ 500 femmes bénéficient chaque année de ces camps.
Vanasthali propose aux femmes (superviseuses ou institutrices) de partir en voyage à la place des camps d’été. Elles reçoivent une certaine somme, forment des groupes, s’organisent pour voyager, visiter, et reviennent avec une nouvelle expérience et le sentiment d’avoir accompli quelque-chose. Peu d’entre elles avaient déjà quitté leurs villages sans hommes pour les guider et cette occasion leur permet de prouver leurs capacités. C’est une réussite ; certaines de ces voyageuses ont fait le récit de leur aventure dans le journal de Vanasthali, et ont exprimé leur enthousiasme, leur plaisir et leur fierté d’avoir été capables de sortir de la routine monotone et quotidienne.
Les gens qui vivent en zone urbaine ou semi-urbaine ont tendance à trouver que l’éducation est une chose évidente. Ils consacrent leur argent, leur énergie, leur temps, pour que leurs enfants réussissent à l’école. Pourtant, environ 70 % de la population indienne vit dans les villages dans lesquels pour beaucoup, on n’a jamais entendu parler d’école maternelle. Cette constatation fait réfléchir.
Si les fondements de l’éducation sont posés précocement, et si les enfants vont à l’école dès leurs premières années (qui sont déterminantes), ils acquièrent pour toujours le goût d’apprendre. Pour faire baisser le taux d’abandon scolaire, il faut développer une société alphabétisée, en bonne santé, et responsable. Les gens qui vivent dans les zones rurales commencent lentement à le comprendre. Pourtant, le manque de locaux, d’enseignants compétents, de matériel pédagogique ... est un obstacle. En dépit de mesures gouvernementales visant à rende l’instruction primaire obligatoire et gratuite à partir de 6 ans, une grande proportion d’enfants, surtout chez les filles, ne vont pas à l’école. L’école maternelle est donc très importante pour combattre l’analphabétisme. Pour remédier à ce triste état de choses, Vanasthali souhaite qu’il y ait un « balwadi » dans chaque village ; et comme il est impossible de recruter des enseignants venus de la ville, les femmes des villages doivent être formées sur place.
Elles peuvent ainsi utiliser leur connaissance du terrain et elles trouvent également l’occasion d’un épanouissement personnel. Destinées à être mariées et à servir maris et familles, les villageoises ont peu de pouvoir alors que le progrès social est entre leurs mains. Vanasthali a fondé 210 balwadis. Le nombre de balwadis diminue ; en effet, de plus en plus les balwadis sont pris en charge par le gouvernement et sont convertis en “anganwadis” (projet de l’UNICEF). Parmi les élèves se trouvent des enfants des catégories les plus défavorisées (comme les Patharwat, Gosavi, Dhangar, Wadar, Garudi, Vaidu), des enfants d’ouvriers des briqueteries, des tribus nomades.
Monter un balwadi dans une communauté, c’est le travail de toute la communauté. Vanasthali s’assure que l’enseignante mais aussi les villageois, le conseil du village, les associations locales (Rotary, Lions clubs), tous soient partie prenante dans la décision et chacun a donc une part de responsabilité quant au succès de l’entreprise. Le soutien de toute la communauté est très important pour la position de l’enseignante dans la société et pour sa capacité à faire fonctionner la classe, compte tenu de la position mineure occupée généralement par les femmes.
L’enseignante du balwadi est un moteur du changement dans sa communauté. Elle est formée pour accomplir également un travail social par le biais des réunions de parents, de visites aux familles, des fêtes enfantines. Elle gagne ainsi la confiance des familles, peut transmettre des informations sur la valeur de l’éducation, la nutrition, l’hygiène, le planning familial, le danger des croyances superstitieuses et autres sujets importants. Elle devient ainsi, graduellement, un élément moteur du développement de son village. Elle apprend à confectionner elle-même son matériel pédagogique, avec des matériaux facile à trouver plutôt que de dépendre de matériel commercial. Ceci encourage sa créativité et sa capacité d’innover, qu’elle communique aux enfants. Les parents sont aussi partie prenante dans ces projets, en même temps que leurs enfants. Le fait de rapporter un salaire pour travail à temps partiel favorise l’estime de soi des travailleuses de Vanasthali. Elles peuvent aussi emprunter sans intérêt pour acheter des machines à coudre ou des bicyclettes; ce qui leur permet de compléter leurs revenus ou de se rendre plus disponibles.
Depuis 2011, à Baramati, l’enseignement est partiellement bilingue (anglais-marathi).
Avec l’aide des 660 enseignantes des balwadis, Vanasthali organise des « hobby classes » pour environ 25000 garçons et filles des écoles primaires de 150 villages. Ces séances ont lieu actuellement 5 jours par semaine. Là, les enfants lisent, jouent, dessinent, font des excursions, apprennent des techniques artisanales etc. Il s’agit à la fois d’éveil et de soutien scolaire. De telles classes sont organisées pour les enfants des écoles municipales et les internats. Elles donnent aux enfants l’occasion de développer leur créativité et sont devenues très populaires ; les écoles locales les réclament. C’est une activité importante des institutrices formées par Vanasthali. Toutes ces activités apportent aux élèves un agréable changement dans leur vie et dans leur esprit. Vanasthali ne reçoit aucune compensation financière pour cette activité, mais les villageois l’aident en offrant des locaux, du matériel, des friandises....
L’école transmet un savoir traditionnel, sans favoriser la création et le développement personnel des enfants et il existe peu d’alternatives ; c’est pourquoi Vanasthali organise (pendant les vacances d’hiver et d’été) des camps de 2 ou 3 jours pour proposer des activités de groupe comme le travail manuel, le chant, la danse, les jeux de rue.
“Chava”, “Ranwara” et “Vidyabhyas”, des magazines marathi pour enfants, sont distribués dans les « hobby classes » et les maisons d’enfants. Ceux-ci y trouvent des informations sur la vie sauvage, l’environnement, la science etc. ainsi que des jeux, des devinettes, des histoires, des poèmes etc.
Hobby classes dans les orphelinats
Les classes de soutien et de loisir dans les maisons d’enfants et internats (à Sangamner, Baramati, Kolhapur, Pune et Shrirampur) ont un double but : elles encouragent environ 850 enfants défavorisés à prendre leurs études au plus sérieux, et les aident pour leurs devoirs. Mais aussi, cela les aide à acquérir le sens de leur appartenance au monde de l’écrit, et c’est un facteur important pour leur développement. Les directeurs de ces établissements reconnaissent les progrès remarquables qui en résultent.
L’école primaire de Jejuri a débuté en 1996 et obtient de bons résultats ; la progression des enfants est satisfaisante. L’école a été fondée à l’initiative des parents. Ceux-ci sont enthousiastes et participent à des réunions pour discuter des activités. Une nouvelle bibliothèque a été créée pour les enfants, les enseignants et les parents.
L’école possède 4 classes élémentaires (les quatre premiers niveaux) et une classe maternelle. Le personnel est composé de : une directrice, 7 enseignants (oui, il y a un homme !), un professeur de sport, une aide.
Les élèves qui ont commencé en 1996 ont atteint avec succès la 10 ème classe (dernière classe de l’enseignement secondaire, correspondant à peu près à la classe de seconde en France).
Depuis 2010, l’enseignement se fait en partie en anglais (”semi English-medium school”).
Cette publication donne aux institutrices, aux superviseuses et aux lecteurs locaux, l’occasion de partager des expériences, des points de vue sur différents sujets, les entraîne à l’écriture et les incite à s’exprimer. C’est aussi une vitrine des activités de chaque centre pour le monde extérieur et cela ouvre des horizons. C’est la responsabilité de chaque centre de trouver annonceurs et de vérifier la publication. Au début, c’était difficile, les femmes n’osaient pas, mais elles ont fini par faire un excellent travail, prouvant encore une fois qu’elles ne sont en rien inférieures à leurs consoeurs des villes. Les institutrices des balwadis sont capables de beaucoup de choses !
Des numéros spéciaux pour les enfants ont également été publiés pour les encourager à s’exprimer par écrit, à peindre...
Depuis 2000, le centre de Somatné forme des femmes qui fabriquent des détergents, de l’insecticide, du savon liquide, des bougies, des statuettes d’argile ou de plâtre, des peintures Warli 1), font de la couture, des sacs en papier, des tapis de bain, des sacs de coton... . Ceci leur procure quelques revenus quand elles vendent leurs produits sur des marchés locaux qu’elles organisent.
La formation commence par trois mois de cours théoriques, suivis de trois mois de pratique dans les hôpitaux de Puné. Généralement, les bénéficiaires de cette formation sont ensuite embauchées dans ces mêmes hôpitaux.
Beaucoup d’organisations ont montré leur intérêt pour les stages de Vanasthali et lui ont demandé de former leurs enseignant(e)s.
En 2006, une demande est venue de la « Janajagaran Organization », au Bihar (donc hors du Maharashtra) qui a envoyé 9 institutrices . La version Hindi du manuel « Balwadi Taï » a été utile (cette méthode est, à l’origine, écrite en Marathi). Elles ont vu les différents centres à Baramati, Jejuri et Saswad, et d’autres organismes avec lesquels Vanasthali travaille à Puné.
Des femmes du Karnataka (10), des Philippines (6), de l’île Maurice (8) sont venues faire des stages et un groupe d’institutrices françaises est venu en visite.
Cette municipalité a demandé à Vanasthali de l’aider dans 136 classes maternelles de Pimpri-Chinchwad et de donner une formation continue aux enseignants . Cela a été très bien réalisé par 4 superviseuses et c’était plutôt gratifiant de constater les progrès réalisés à la suite de cette action. Le service chargé de l’éducation a demandé à Vanasthali de poursuivre l’accompagnement des balwadis de la commune.
Pour encourager la lecture, Vanasthali organise des expositions de livres et des institutrices lisent à haute voix des journaux ou des histoires pour des groupes de femmes qui travaillent dans les usines de cigarettes (bidi). Après cela, ces dernières ont envie d’apprendre à lire par elles-mêmes.
Bibliothèques portables : Vanasthali est une des associations qui participent au mouvement «PANPOI VACHANALAYA » qui propose de la lecture intéressante dans les villages reculés. Dans ce cadre, les centres de Vanasthali diffusent avec succès 3500 livres au moyen de 30 bibliothèques portables.
Bibliobus : les camionnettes vont d’école en école (écoles primaires municipales ou gouvernementales) et les enseignantes de Vanasthali distribuent les livres dans les classes avec l’accord des enseignants ; les enfants les lisent sur place, ceci environ deux fois par mois.
En 2008, Vanasthali a lancé son premier “bibliobus” dans la région de Baramati. Compte tenu des bons résultats obtenus, un deuxième bibliobus a été lancé en 2009 sur la région de Somatné/Talegaon. Un troisième bibliobus fonctionne sur la région de Shirval. En 2010, ils étaient 7 : Lonand, Shrirampur, Lasalgaon, Saswad avaient également leur bibliobus.
En 2014, Vanasthali a commencé ce projet dans les secteurs de Somatné et Talegaon. Vanasthali donne des livres que les superviseuses répartissent chez des enseignantes sélectionnées. Chaque enseignante reçoit une centaine de livres, dont quelques uns en anglais, pour constituer une bibliothèque à son domicile ; les enfants du voisinage peuvent venir les emprunter pour les lire chez eux. Quand ils les ont lus, ils les rendent et en empruntent un autre. Ils viennent de toutes les écoles alentour.
Pendant la période 2007-2008, ces prêts ont permis d’acheter 4 machines à coudre, 5 bicyclettes, d’aider à construire 10 toilettes, de fournir une aide médicale pour deux personnes ; un prêt personnel a été également consenti, ainsi que des prêts pour les études des enfants et deux autres pour démarrer une petite entreprise (saris, légumes). Les prêts sont presque toujours remboursés, les échecs dans ce domaines sont extrêmement rares.
Une aide financière est apportée à l’orphelinat de Latur ( Manav Vikas Sanstha) pour semer des céréales, creuser un puits, à la fois pour l’eau potable et pour quelques récoltes (100 enfants concernés).
Par ailleurs, Vanasthali avance de l’argent aux institutrices pour construire des toilettes chez elles. Le but est de leur donner de bonnes habitudes d’hygiène et d’en montrer l’importance à la population locale. En 27 ans, Vanasthali a aidé plus de 175 femmes à construire des toilettes. Des écoles de filles à la campagne, des enseignants, un site dédié aux camps scout à Satara et des institutions qui travaillent pour des enfants et des populations défavorisées ont bénéficié de ce programme.
Vanasthali a créé des centres régionaux à Sangamner, Baramati, Jejuri, Saswad, Somatne-Phata, Lasalgaon et Sangola. Ceci facilite l’accès des populations locales aux activités de l’association. Là, sont tenues des réunions régulières avec les enseignantes et les superviseuses, des classes de loisirs et de soutien (« hobby classes »), des réunions de parents.
De temps en temps, Vanasthali organise des rencontres avec les femmes des villages et les anciens élèves de Vanasthali. Ces rencontres ont lieu dans différents endroits et ceci permet à tous d’échanger des points de vue et d’apprendre les uns des autres.
Vanasthali organise également des séances de projection et des conférences sur la santé et le planning familial.